photos Fred scalliet

Face à la déconnexion progressive de l’humanité à sa source vitale, le génie de Rolando Toro Araneda est d’être parvenu à mettre au point un Système capable de stimuler le réveil de l’intelligence primordiale et la réintroduction du sacré dans la vie de chacun. Le terme de « sacré » étant à interpréter comme « poésie », émerveillement face à la nature, mais aussi envers la vie elle-même.

A travers la Biodanza®, l’Homme (ré)apprend à être en lien autrement, à la vie, à lui-même et aux autres.

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Le « savoir-vivre » et la « bonne » éducation, transmis avec soin de génération en génération, crée certes des êtres « civilisés-bien-éduqués », mais des hommes et des femmes souvent bien incapables de s’écouter, d’écouter leur nature – et encore moins leur force instinctive. A force d’avoir été entrainé à raisonner ses élans et ses sentiments, l’Homme Moderne a oublié que son essence humaine est avant tout affective. Il a appris à nier ses pressentiments et ses intuitions. Beaucoup se trouvent dissociés, certains vivent inhibés, déconnectés d’eux-mêmes, parfois même coupés de leur énergie vitale. Rien d’étonnant que cela mène aujourd’hui à une épidémie de burnout*.

Rolando Toro Araneda, créateur du Système de la Biodanza®, met en lumière les dérives de l’esprit humain « civilisé », déconnecté du sacré de la Vie et de la vie humaine, souffrant de diverses pathologies de l’égo dues au développement de la civilisation.

Individualisme, égocentrisme, égoïsme, solitude, isolement sont le lot quotidien de nombre d’entre nous, en crises de survie. Notre culture procède depuis des siècles à renforcer la scission entre la nature dévaluée et la culture valorisée, le corps sale et l’esprit sacré, l’individu magnifié et la collectivité oubliée. Elle instaure une prédominance de la raison exacte sur l’instinct inconvenant, de la culpabilité bienséante sur la liberté d’être obscène. Avec ses tabous, notamment ceux de regarder et toucher autrui, elle consolide l’amalgame entre affectivité et sexualité. 

Chercheur infatigable et créatif, Rolando Toro est aussi poète, peintre et musicien. Jusqu’à son décès le 16 février 2010, il continue de peaufiner son modèle théorique, poursuit ses recherches sur l’Inconscient Vital, sur les effets régénérateurs de la Biodanza® et la mémoire cellulaire, tout en développant une approche novatrice en réponse aux impasses du monde moderne, l’Éducation Biocentrique.

Il crée l’IBF, organisme de coordination de la Biodanza® au niveau international, et l’Assessorat Méthodologique, entité qui garantit l’intégrité et le développement du Système. En 2015, il existe près de cent cinquante écoles dans le monde, en Amérique Latine, au Canada, et aux Etats-Unis, en Europe, au Japon, en Australie, en Afrique du Sud, en Israël et en Russie.

Le modèle théorique de la Biodanza® s’est construit à l’origine sur des expériences cliniques avec des patients psychiatriques. En 1965, alors membre enseignant du centre d’études d’anthropologie médicale de l’école de médecine de l’université du Chili, Rolando Toro Araneda réalise les premières recherches avec la musique et la danse dans un hôpital psychiatrique de Santiago.

Ses expériences l’amènent à réaliser que la musique associée au mouvement sont des instruments de transformation puissants. Ils offrent une voie royale d’accès au mouvement intérieur.

photos Fred scalliet

Si certaines musiques et certains exercices renforcent l’identité et le sens de la réalité, d’autres induisent des états de régression qui réduisent le niveau d’anxiété et facilitent la communion. Ces expériences initiales ont constitué la base de la construction du modèle théorique de la Biodanza®, dans lequel ont été placés d’un côté les exercices dits de renforcement de la « conscience intensifiée de soi », et de l’autre, les exercices dits de « régression ». 

Fred Scalliet

Convaincu que ces deux états sont complémentaires dans la construction d’une identité saine, Rolando Toro Aranedaconstruit ses classes (appelées « vivencia« ) selon une courbe physiologique qui permet d’induire un passage naturel entre les deux pôles.

  • Par le biais d’exercices d’activation qui nécessitent le contrôle volontaire de ses mouvements, l’élève développe une conscience intensifié de lui-même, une perception plus claire de son corps, de son centre, de son « Je », qui augmente progressivement sa sensation d’individualisation, d’être un et différencié, qui intensifie sa conscience de lui-même.
  • Les exercices de régression, quant à eux, l’invitent à la perte de la perception de ses limites corporelles, à l’augmentation de sa capacité de contact et de communication avec les autres pour une union à une totalité plus grande

Selon Rolando Toro Araneda, une identité s’intègre sainement grâce au voyage constant entre ce pôle d’activation et ce pôle de régression, car la manifestation des potentialités humaines pulse entre ces deux états biologiques.

Plus l’être humain sait connecter son centre et percevoir ses contours, au plus il est prend du plaisir à se diluer et se fondre dans la totalité, à embrasser l’universalité pour fusionner avec ses semblables et avec le cosmos.
Plus il est capable de s’abandonner en confiance au primordial, au plus il a de puissance pour s’affirmer, se différencier et renaître à lui-même.

L’ontogénèse fait des sauts évolutifs appelés « transtase » dans ce passage d’un état de conscience à un autre état de conscience. La transe que l’on propose en Biodanza® – différente des autres types de transe (elle fait référence à la racine latine « transire » qui signifie « aller au-delà ») – possède un effet réparateur et intégrant.
Le mystère de notre essence se révèle dans ce voyage incessant entre différenciation et abandon, entre affirmation de soi et indifférenciation. Notre identité évolue et se renforce progressivement car elle assimile de nouvelles ressources à chaque transtase. C’est par ces sauts évolutifs que se réalise l’intégration existentielle

Le modèle théorique de la Biodanza® embrasse l’ensemble du processus de la genèse de la vie et de son évolution à la fois phylogénétique (histoire de notre espèce, de nos ancêtres) et ontogénétique (notre histoire personnelle). Il considère le chaos comme l’origine de la vie. Puis une première zone dissipative s’est créée il y a quinze milliards d’années, réunissant les conditions initiales de la genèse de la vie, permettant à l’énergie et à la matière de s’organiser pour former une Super Nova. Du chaos sont nées les étoiles puis la Terre est apparue. Des structures vivantes primitives capables d’auto-organisation, de duplication et de mutations ont produit un foisonnement de formes vivantes pendant plus de quatre milliards d’années. Des millions d’espèces sont apparues, se sont développées et ont finalement disparu. L’Homme n’est apparut à son tour qu’il y a deux-cent-mille ans et sa biologie ne ment pas : il est lui aussi fils et poussière d’étoile, partie du cosmos et les principes biocosmiques qui érigent l’univers sont en lui. Quinze milliards d’années d’évolution constituent sa phylogenèse et colorent son ADN. De là, libre à lui de créer sa propre vie ou de la subir, d’offrir le pire de lui-même ou d’intégrer son identité, de se transcender et de connecter sa part divine, numineuse

Le modèle théorique de la Biodanza® n’estime pas constituer pas une vérité. Son dessein est de soulever des hypothèses, d’élaborer une image simplifiée du chemin d’évolution de l’être dans une représentation globale de la vie humaine. Il oriente la recherche vers une observation des principes majeurs du vivant et de la richesse de leurs interrelations dans une vision d’ensemble. C’est un outil d’investigation basé sur des phénomènes observés et observables. Comme tout modèle scientifique, il reste évolutif et confronté en permanence à la réalité et aux découvertes des domaines du vivant.

Ce modèle aujourd’hui très sophistiqué a subi des ajustements partiels voire des modifications fondamentales
pendant quarante ans. Sa terminologie s’est affinée, le terme de psychodanza est devenue Biodanza®
et son domaine d’application s’est étendu aux personnes en bonne santé sur tous les continents. Le modèle a été amélioré par l’introduction d’exercices de communication, de contact et de créativité, il a été enrichi par la description et l’évaluation des effets neuropsychologiques des différents exercices,
par la découverte de nouvelles relations entre l’émotion et la santé.

(Merci à Fred Scalliez pour ses photos)