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On juge souvent sa Vie : « Pffff! Regarde ma vie! Pourquoi j’ai à vivre ça?  »
Notre culture sociétale post-industrielle excessive a radicalement changé notre rapport et notre perception de la Vie.

Elle nous a fait une promesse qu’elle ne sait tenir : celle d’un monde meilleur grâce au développement technologique.
« Les machines sont la clé d’une meilleure qualité de Vie! Elles vont nous libérer du travail, nous pourrons davantage nous consacrer à nos loisirs ». Le pacte semblait être « win-win » à priori : l’individu acceptait de faire plus et encore plus de place aux technologies dans son quotidien, quitte à modifier ses habitudes, à s’adapter à un nouveau mode de vie, mais il recevait en échange un allègement de son labeur, une meilleure protection et surtout, la liberté de suivre ses désirs.

Manque de pot, les machines se sont montrées moins autonomes que sur la notice et ont ont entrainé dans leur sillon l’exigence d’une nouvelle servitude. En créant des besoins factices auxquels l’individu tient aujourd’hui comme à la prunelle de ses yeux, le voilà rendu esclave de la technologie. Les ordinateurs nous appellent devant leurs écrans 10h/jours, les médias de communication nous accaparent, nous stimulent et nous réclament une réactivité 24h/24, la télé nous hypnotise et nous met insidieusement sous l’emprise de ses valeurs, les loisirs sont d’onéreux divertissements qui nous dispersent plus que nous ressourcent… Valorisant l’individualisme plutôt que la convivialité, il n’y a qu’un pas pour que nous perdions nos valeurs d’humanité, de solidarité, de coopération.

Le malheur, c’est qu’avec cette « Civilisation du Loisir », nous avons cru que nous obtenions un droit : celui du bonheur facile. Et on nous sert à gogo les points de référence de ce bonheur-poudre-aux-yeux dans une version corrigée du mythe du Paradis Terrestre : s’offrir des voyages de rêve sur des plages idylliques, un mode de vie à la hauteur du pouvoir d’achat des stars, l’accès aux voitures de luxe, aux restos chics, l’exigence d’habiter dans une demeure style Hollywood, le droit à la beauté, à la santé, à l’intelligence, au succès sentimental…

Combien d’ados-rois et de jeunes loups aujourd’hui, baigné(e)s dans des séries podcastées et autres shows de téléréalités faisant l’apanage de l’oisiveté et de ces « droits », s’identifient aux acteurs/trices et s’attendent à une vie de luxe (sans devoir lever le petit doigt)? Combien se trouvent décontenancés, perdus, désespérés quand une fois dans la vie active, ils réalisent à quel point personne ne les attend et que rien ne va leur tomber tout cuit dans la bouche?

Combien d’adultes, sont eux aussi sous l’emprise de ce soi-disant « droit au bonheur« ? Certains se désespèrent au premier obstacle, peu importe qu’il soit grand ou petit (un nouveau gsm qui bug, des factures qui arrivent pour un contrat qui reste ouvert malgré qu’il aie été résilié peut prendre la même ampleur qu’une séparation, un accident, un deuil). La vie est « dure », il sont fatigués de devoir sans cesse se battre (car s’attendant au bonheur facile promis, tout acte à poser pour faire avancer un dossier ou leur Vie leur semble injuste et anormal). Il n’y a qu’un pas à franchir pour qu’ils se découragent d’être des « paumés de la Vie« , si le constat est rude et qu’ils se rendent à l’évidence que dans leur Vie : pas de plage idyllique, ni de resto chic, ni…

D’autres ne croient pas à la facilité et répondent présent pour se battre bec et ongles et gagner la forme du bonheur tel qu’il est décrit. Ils se donnent corps et âme, suent sang et eau à décrocher la belle étoile, s’inscriront dans une logique économique qui cherche à maximiser tous les rendements pour être du côté des « gagnants ». Ces battants n’ont pas le choix : la concurrence mondiale impose de réduire les coûts, de produire toujours plus avec moins de moyens, moins de sécurité, moins de temps, … Ils savent que l’humain est surnuméraire et remplaçable, donc une ressource consommée, exploitée au maximum (comme toutes les autres), souvent considérée comme un produit « one use only » qui ne s’inscrit pas/plus dans la durabilité. Ils font donc tout pour s’accrocher, ils s’y croient jusqu’à aller au Burnout.

L’accélération des cadences, l’intensification du stress, la généralisation des instruments de contrôle, la dureté des contraintes sont la rançon très lourde d’une civilisation du loisir que l’on connait au final plus à travers la publicité que dans la réalité. Le Bonheur National Brut (BNB, inventé par le Bhoutan) ne vole pas très haut. Métro, boulot, dodo, conso, métro, boulot, dodo, conso (…) C’est le quotidien de combien d’entre nous? Signe d’évolution ou de régression de l’humanité? Qu’est-ce que le Burnout, sinon une conséquence de ces rythmes effrénés et de ces modes de vie excessifs?

Insidieusement, le « droit au bonheur » est devenu un « devoir à un bonheur » on ne peut plus conforme, stéréotypé.

Certains vont se tourner vers la vie virtuelle et ses réseaux sociaux pour « garder la face » (au yeux de Soi-même et des autres!), s’en servir comme plateforme d’auto-promotion et bluffer, s’inventer une vie « plus belle qu’elle n’est »… Facebook regorge de selfies idylliques conformes aux diktats du bonheur post-industriel, devant lesquelles on s’extasie et qu’on « Like ».

Beaucoup ne tolère plus que la Vie apporte son lot de contrariétés ni de frustrations. Ils préfèrent bouder, refuser de « jouer » puisque le jeu n’en vaut selon nous pas assez la chandelle. Ils abandonnent la partie puisque la Vie ne déroule pas le tapis rouge devant eux (leur Ego). Hélas! Ils ont cru au conte de fée et ont perdu la connexion à leur courage de vivre! A marcher le nez dans les étoiles d’Hollywood en carton-pâte, ils ont perdu le vrai sens de la vie.

« Si vous êtes vivant, vous avez reçu le cadeau d’évoluer, de grandir, d’apprendre de vos difficultés, de tomber, de vous relever et de devenir plus fort »- Nick Vujicic

Comment sommes-nous prêts à nous bouger pour notre Vie?
Que veut-on faire de notre Vie? Comment envisageons-nous de la vivre pleinement, quoi qu’elle nous réserve?
Comment avons-nous la force mentale, le courage de nous relever quand on tombe?
N’est-il pas normal de s’investir pour obtenir ce qui nous est cher?
Comment s’y prendre pour que la Vie n’en soit pas pour autant un combat?
Pourquoi ne pas mettre toute notre énergie à transformer ce qui nous est donné en avantage?

Faisons du mieux qu’on peut, veillons à faire toujours un pas de plus que nécessaire pour donner du sens à notre Vie.
Et n’oublions pas que nous avons 1000 fois plus de ressources que nous n’en avons besoin pour accomplir notre chemin…