pervers narcissique

Dans notre monde qui prône l’auto-promotion, l’autonomie et l’indépendance affective, l’individualisme et l’égo-centrisme, la relation a la vie dure. Comment faire la différence entre « juste narcissisme » (confiance/amour/estime de soi) et perversion narcissique?

Le terme « Pervers narcissique » glace tellement le sang qu’il faut parfois beaucoup de recul émotionnel pour pouvoir l’envisager dans son propre couple… Comment accepter que le conte de fée que nous pensions (enfin) pouvoir vivre se transforme en véritable relation sado-maso? Comment avaler que notre prince ou princesse charmante soit en réalité un véritable vampire dans la relation?

Le manuel de classification internationale des troubles mentaux ne mentionne pas la perversion narcissique. Scott Peck, psychiatre américain, parle de véritable déviance morale. Le Docteur Reichert-Pagnard, quant à lui, parle d’une psychose sans symptômes apparents ou « psychose blanche ».

On pourrait classer le manipulateur sur une échelle de 1 à 10 selon la toxicité.

  • Niveau 3 : le tyran domestique réfugié dans le déni, qui blesse l’autre involontairement pour s’alléger de son propre mal être.
  • Niveau 8 : le sadique qui se défoule en jouissant de la douleur morale qu’il inflige sciemment.

Quoiqu’il en soit, même un petit « PN » fait de considérables dégâts. Certains ouvrages donnent quelques pistes pour reconnaître ces prédateurs, notamment « Les pervers narcissiques » (Editions Eyrolles) de Jean-Charles Bouchoux et « Les manipulateurs et l’amour » (Editions de l’Homme) d’Isabelle Nazare-Aga.

20 pistes pour reconnaître une relation à un pervers narcissique

(qu’il s’agisse d’une relation personnelle ou professionnelle)

1. Il ou elle vampirise l’énergie de l’autre : l’expression « se faire bouffer » prend tout son sens.

2. Il ou elle est dénué(e) d’empathie, fait preuve de froideur émotionnelle.

3. Il ou elle souffre d’insatisfaction chronique, il y a toujours une bonne raison pour que ça n’aille pas.

4. Il ou elle use de dénigrement insidieux, sous couvert d’humour au début, puis de plus en plus directement.

5. Il ou elle est indifférent aux désirs de l’autre.

6. Il ou elle s’inscrit dans une stratégie d’isolement de sa proie.

7. Il ou elle fait preuve d’égocentrisme forcené.

8. Il ou elle vous fait culpabiliser.

9. Il ou elle est incapable de se remettre en cause ou de demander pardon (sauf par stratégie).

10. Il ou elle s’inscrit dans un déni de réalité.

11. Il ou elle joue un double jeu : le pervers narcissique se montre charmant, séducteur, brillant – voire altruiste – pour la vitrine ; tyrannique, sombre et destructeur en privé.

12. Il ou elle est obsédé(e) par l’image sociale.

13. Il ou elle manie redoutablement la rhétorique : le dialogue pour dépasser le conflit tourne à vide.

14. Il ou elle alterne le chaud et le froid, maîtrise l’art de savoir jusqu’où aller trop loin.

15. Il ou elle est psychorigide.

16. Il ou elle souffre d’anxiété profonde, ne supporte pas le bien-être de son partenaire.

17. Il ou elle ressent le besoin compulsif de gâcher toute joie autour de lui.

18. Il ou elle inverse les rôles et se fait passer pour la victime.

19. Il ou elle use d’injonctions paradoxales et contradictoires : la cible perd ses repères, son esprit devient confus, même quand il est des plus brillants. Paul-Claude Racamier, inventeur de la notion de pervers narcissique, parle d’un véritable « détournement de l’intelligence ».

20. Il ou elle éprouve un soulagement morbide quand l’autre est au plus bas.

Le pervers narcissique est partagé entre sa basse estime de lui et le désir de briller. Il utilise sa victime pour supporter sa basse estime, il se survalorise à son dépend, il ne survit que parce qu’il projette sur sa victime une estime plus basse que celle qu’il a pour lui.

La relation tôt ou tard devient tellement toxique qu’il n’y a qu’une solution : prendre de la distance. C’est seulement à ce moment-là que l’on peut faire le point et se remettre en question…

Voir aussi…

Et puis aussi cette vidéo très bien faite : la manipulation ordinaire, ou l’absence d’empathie…Ou comment créer une mise en tension permanente entre inquiétude et espoir, en considérant l’autre comme un objet.